Rejet et solitude

Il y a quelque chose qui me dérange. Je me sens prisonnière. Prisonnière d’une situation que j’ai choisi. Comment en suis-je arrivée là ?

Retraçons un peu le chemin émotionnel que j’ai suivi

J’ai vécu toute ma vie à Montreuil (comme je le dis dans mon article précédent). Et un jour, on me propose de partir travailler, vivre dans un autre pays. Ça tombe bien. J’avais justement envie de m’en aller, de fuir les problèmes familiaux quotidiens (comme beaucoup de jeunes, j’ai envie de dire).

Cette solitude quasi-permanente…

A Dubaï, c’est la grande désillusion. Et puis, je me sens seule. Non, je suis seule (c’est un fait). Mes proches ne sont accessibles que par le biais de mes écrans de téléphone et d’ordinateur portable ; et encore faut-il que la WiFi daigne fonctionner correctement.

Nota Bene : Ici j’ai tenté de passer des appels WhatsApp et Messenger grâce à la WiFi mais il semble que c’est bloqué (même avec une puce Virgin Mobile UAE). Si tu t’expatrie aux Émirats Arabes Unis, Skype sera ton ami.

Je sais que je provoque cette solitude. Elle devient de plus en plus insupportable mais je ne peux plus faire comme si j’étais de bonne humeur. Je ne veux plus faire semblant. Donc je préfère m’extraire de cette bulle.

… Accompagnée de ce sentiment de rejet

Ça aurait été plus simple si je n’avais pas cet autre sentiment qui m’habite depuis que j’ai fait mon « coming-out » (je hais ce concept) auprès d’une proche personne. Dans la situation actuelle (ou tout autre situation d’ailleurs), j’aurais pu me passer de ses violentes paroles de dégoût et de rejet à mon égard ! Vivre le rejet ET la solitude en même temps, loin de tout soutien, loin des personnes qui m’aiment simplement pour qui je suis, c’est dur. Mais si j’avais pu revenir en arrière, je pense que j’aurais fait exactement le même « coming-out ».

Mais en vrai, pourquoi faire un coming-out ?

Pourquoi doit-on déclarer à autrui notre orientation sexuelle ? Je suis tellement plus qu’une orientation sexuelle – et ma vie intime m’appartient. J’ai malgré tout voulu partager cela avec cette personne (avec qui je suis liée par le sang). Peut-être que j’aurais dû la garder dans le mensonge, certains s’y épanouissent.

Je sais que mes parents ne sont pas prêts pour cette réalité, mais je ne pensais pas qu’elle avait la même fermeture d’esprit.

Petite anecdote

Je me rappelle qu’avant de partir vivre à Dubaï, il y a eu un rassemblement contre l’homophobie à République le dimanche 21 octobre 2018 (auquel m’avait conviée ma (future) petite femme d’amour). J’avais alors dit à ma mère que j’y allais et que j’aurais aimé qu’elle vienne avec moi. Ma mère avait eu une réaction plus que discutable pour m’exprimer son mécontentement. Mais après avoir vu ma surprise et mon énervement, elle s’était adoucit et m’avait demandé si j’étais « homo » (petite précision : je ne me considère pas comme homosexuelle). Je lui avais dit que non et que même si je l’avais été, je ne lui aurais pas dit vu sa réaction. Elle est revenue le lendemain dans ma chambre pour me dire qu’elle viendrait peut-être avec moi à ce rassemblement. Finalement, elle n’est pas venue mais le progrès est là et c’est encourageant.

Oui, mais quand même…

Mais la réaction de l’autre est tombée comme un cheveu dans la soupe… J’ai regardé un podcast présenté par Shirley Souagnon sur YouTube dernièrement et un de ses invités ne cessait de répéter que l’homosexualité a été dépénalisé en France en 1980. Sur Légifrance (https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000691992), il semblerait que la date exacte soit le 4 août 1982. Voilà donc presque quarante années que certaines mentalités restent bloquées. C’est consternant et énervant, je t’avoue.

Quelques semaines auparavant, ma petite femme d’amour m’a partagé une entrevue diffusée sur l’une de ses radios préférée : Les traversées de Paul B. Preciado.

Après avoir écouté ce podcast au moins cinq fois (ouais j’étais pas concentrée durant les premières écoutes), j’ai découvert quelque chose de très important : j’en ai marre de prendre sur moi, notamment pour des personnes qui me manquent de respect. Ce n’est pas à moi de faire un effort, de me cacher, ou de changer quoi que ce soit. Je ne serais pas celle qui brise la famille, je ne serais pas celle qui rejette. Je ne peux pas prendre cette responsabilité car elle ne m’appartient pas. Bien-sûr que ça va chambouler la famille, voire me déconnecter totalement de certains d’entre eux (ça a déjà commencé d’ailleurs)… Mais ce sont leurs choix, pas les miens : c’est toi qui choisi de couper les ponts avec moi, pas l’inverse.

N’empêche, soyons clair, je ne vais pas l’annoncer à mes parents maintenant. Lorsqu’il y a des annonces atypiques (enfants hors mariage et autres hontes communautaires par exemple), mes parents ont une fâcheuse tendance à nous le faire payer. Donc je ne veux pas que mes autres soeurs le subissent.

En conclusion

Je n’ai pas encore rencontré de personnes qui ont été rejeté pour leur orientation sexuelle et finalement, c’est plutôt bon signe ; il y en a peut-être moins que ce que je pensais. Peut-être qu’échanger avec des personnes qui l’ont vécu pourrait aider à avancer sur cette déception. Cela pourra sûrement nous permettre d’accepter le deuil de nos relations cassées avec des personnes qui visiblement chérissaient une image factice de nous. Je pense que le plus important dans cette situation, c’est de reconnaître qu’on est pas en tort et qu’on a pas d’efforts à faire si de l’autre côté on a à faire à un mur. Malgré la distance, il y a mes amis et mes deux autres soeurs qui me soutiennent. Et puis, j’ai aussi le soutien de ma petite femme d’amour – qui me soutient dans tout (vraiment tout, je pourrais voler une banque elle serait de mon côté). Le fait de savoir que je vais la retrouver bientôt, que je vais pouvoir la prendre dans mes bras et embrasser ses lèvres (qui s’étirent parce que je la regarde (on est sur Skype au moment où j’écris ces lignes)), cela me remplit de joie et d’impatience…

Edit

La partie sur la solitude me renvoi à ce que ma petite femme d’amour a expérimenté durant son voyage en Espagne que tu peux retrouver ici :
https://dontstopmenow.blog4ever.com/je-ne-suis-pas-un-loup-solitaire


le 3 avril 2019 à 4:09

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